La grosse caisse

Comment se fait-il que l’on croise tant de SUV dans les rues ? En regardant la télé, ce ne serait pas la faute des consommateurs. Ils sont pousser à acheter par les concessionnaires, le marketing, la pression sociale, etc.

Sur ce sujet, nos ancêtres préhistoriques avaient moins de question à se poser. Ils courraient pour se déplacer.

La réalité est complexe, mais le point de départ est tout de même simple : chacun est responsable de ses achats. Chacun se définit par sa consommation, même.

Pourtant la question à se poser est simple : est ce qu’il est acceptable de devoir produire et brûler l’énergie pour déplacer DEUX TONNES, quelle que soit la situation, pour qu’au maximum cinq personnes, donc cinq cent kilogrammes mouillés, puissent aller d’un point A à un point B ?

Puisqu’on nous rabâche à longueur de journée que « l’énergie est notre avenir, économisons-la », pourquoi est ce qu’on ne l’applique pas ? En toute logique, nous devrions chercher à avoir le véhicule le plus léger.

Voire ne pas avoir de véhicule du tout.

Sauf qu’en premier lieu, la voiture est LE signe extérieur de richesse (peut être après l’iPhone). La grosse caisse, pour montrer sa « réussite ». Donner envie à ceux qui roulent dans des bouses.

En réalité, c’est un signe de soumission à Mère Consommation. Elle domine de la tête et des pieds ces gens-là. Ils organisent leur vie pour répondre aux codes qu’elle impose, quoi qu’il leur en coûte. Travailler, économiser, s’endetter, souvent écraser les autres, voire voler; tout cela pour faire mieux que le voisin. Quel gâchis de ressource !

Si les rôles étaient tels qu’ils devraient être (l’offre et la demande), nos choix de consommateurs devraient être un moyen d’expression puissant, plus que le droit vote. La masse, par ce qu’elle achète, parce qu’elle en a besoin, décide. Point.

C’est là qu’intervient le marketing et la pub pour nous retourner le cerveau. Nous empêcher de décider. Pour ne pas couvrir nos besoins, mais nos désirs.

Le consommateur finit par « choisir » la marque, le modèle, mais c’est la société telle que nous l’avons construite qui nous impose d’avoir une caisse.

Il est impossible de vivre à la campagne sans voiture. Même avec l’exode urbain entamé avec la crise sanitaire, les choses n’ont pas changé. Les citadins n’ont amené que la fibre.

La solution ? Elles sont sûrement multiples, mais avec un seul et unique moteur : la voiture ne doit plus être utile. Chaque pan de sa vie doit pouvoir être couvert sans avoir recours à un char de DEUX TONNES.

On doit pouvoir faire confiance à l’eau du robinet et donc ne pas avoir besoin d’acheter de l’eau en bouteille.

On doit pouvoir aller dans les commerces à pieds. Ces derniers ne devraient pas lutter face à la grande distribution. Par conséquent, elle ne doit pas imposer ses tarifs aux producteurs. Pour changer cela, du courage politique sera nécessaire.

On doit pouvoir prendre le vélo sans avoir peur pour sa vie ou son bien.

On doit être libre de nos achats et laisser nos émotions en dehors du processus. Nous proposer des produits oui, mais uniquement des données techniques, factuelles. Vous ne vous êtes jamais demander pourquoi la fille de la pub Amazon a un orgasme lorsqu’elle commande une friteuse ou un aspirateur. Rien ne va dans cette pub.

On doit pouvoir prendre les transports en commun à n’importe quelle heure sans se faire tripoter. Ils doivent être fiables et aller là où il n’y a personne (ce qui n’est pas possible en appliquant aux opérateurs une économie de marché). Les tarifs doivent être fixes.

Qui paye ? Ceux qui font leur beurre avec nos données. Plus personne ne voyage sans être rivé à son smartphone à scroller, encore et encore. Une part peut bien revenir à la vraie vie.

Si tout ceci se met en oeuvre. Si les centres commerciaux ferment. Si le train nous emmène en vacances. Si le travail est à côté de chez nous. Alors les fainéants devraient quitter la route et il ne devrait plus rester que ceux qui ne peuvent faire autrement. Et alors électrique ou thermique, peu importe.